Bref, t'écris ce que tu veux.

Encore l’un de ces samedi ordinaire où je suis obligée de me lever de bonheur pour remplacer ma charmante collègue qui a eu la bonne idée d’avoir un gosse en cette période d’été. Manque de personnel, je suis obligée de me lever à six heures du mat’ pour travailler jusqu’à huit heures et reprendre le tout à 18h le soir même. Autant dire que je suis pressée que ce petit monstre voit le jour, il me pourrit la vie ou plus particulièrement mes samedis grâce matinée ! Bref, j’enfile un truc vite fait sachant parfaitement que j’aurais ma tenue de travail en temps voulu et, file sans même prendre la peine d’écouter les messages laissés sur mon portable depuis la veille. Je me tape un sprint jusqu’au bar, enfile ma jolie tenue noire et commence mon service à sept heures tapante jusqu’à ma pause, prise à minuit trente-cinq précisément. Le train-train habituel, des clients lourds, des dragueurs, des ivrognes, des souriants bref, on voit passé de tout ici surtout les samedis ! Je passe voir mon frère, croise Ana avec qui je m’offre une virée shopping… J’en ai bien besoin ! Et reprends la route en direction du bar à dix-huit heures… Moins cinq pour ne pas arriver en retard et risquer de finir mon service à vingt-trois heures. Aïe, dur la vie de barmaid ! Et c’est repris pour un tour. Franchement ? Je me demande encore pourquoi je travaille ici quelques fois. Surement parce que j’ai un patron tellement cool que j’ai quasiment tous les droits hormis sur mes horaires. « Hey Brook, ce soir y a la p’tite Laura qui a décidé d’aller au club, je crois que c’est une grand première. On va aller prendre des photos pour son mec, tu viens avec nous ? » J’étais tellement concentrée sur ce que je faisais que je mis plusieurs minutes à détecter d’où venait cette petite voix si douce. De l’encadrement de la porte, c’était Ginie, une habituée au club et l’une de mes plus grandes amies, qui avait fait son apparition au bar pour me donner cette information cruciale. J’échappais un petit sourire tout en terminant de remplir le verre d’un client tout en lui répondant sans vraiment réfléchir : « Tu crois vraiment que je vais manquer ça ? Compte sur moi chérie ! Je vous rejoins là-bas, je finis le service un peu plus tard ce soir. »

En effet, il était vingt-deux heures trente quand je rendis mon tablier. Je passais en coup de vent chez moi histoire de prendre une douche, de me changer pour être toute belle pour ce soir. C’était un minimum pour rentrer dans ce genre d’endroit et puis, on ne sait jamais sur qui on peut tomber. J’enfilais ma nouvelle robe bleue achetée avec Ana, pris les clés de ma voiture et une nouvelle fois, quittée la demeure en adressant un seul et unique regard en direction de ma mère. Elle ne bougea pas, Garrett n’était pas là, j’étais donc tranquille un bon bout de temps. Vingt-trois heures, j’étais au club et rejoignais mes amies, m’empressant de les saluer une par une. D’accord, si j’étais venue ici ce soir, ce n’était pas uniquement pour croiser la petite Laura mais, il ne fallait pas le dire ça…

Le réveil fut loin d’être évident et pourtant il était pas loin d’une heure de l’après-midi. C’était bien peu suite à la soirée que j’avais passé la veille. Je clignais plusieurs fois des yeux dans ma chambre lumineuse, regardant à mes côtés pour apercevoir une ravissante créature totalement nue, la pauvre, encore une qui allait se faire virer d’ici en un rien de temps. Je me levais donc, récupérant mes affaires qui trainaient au sol afin de m’habiller et de réveiller la demoiselle qui était encore plongée dans un lourd sommeil. Enfin, la voyant qui galérait à se lever, je jetais un coup d’œil sur ma montre pour me dire que rien à faire, je ne pouvais pas l’attendre. « Bon écoute faut que j’y aille, y’a des curlys sur la table du salon et tu sais où est la sortie. Me pique rien, je le remarquerais et ma sœur rentre à quinze heure, alors tâche d’être partie. Ah et essaie de pas gerber dans mon lit ni ailleurs dans l’appart. » J’enfilais rapidement ma paire de tongs en vu de l’endroit où j’irais puis quittais finalement l’appartement en directe de la fausse plage qui avait été apportée à Las Vegas. J’avais rendez-vous avec quelques amis afin de boire un coup puis entre ça, aller se baigner en vitesse et se taper une bonne bouffe, il était grand temps de se rendre au club de striptease où je bossais depuis maintenant quatre bonnes années. Avant l’ouverture, je trainais autour du bar avec mes collègues et le gérant, discutant rapidement de la soirée qui allait se dérouler et enfin, l’ouverture. J’étais encore présent dans la salle à cet instant parce que je savais que mon show ne se ferrait que dans une heure. J’étais accoudé au bar, vêtu de mon sweat et d’un bermuda, observant les premiers clients qui entraient et après quelques minutes, je l’aperçus… allant vers ses amis. La frustration, un jour je devrais lui parler et pourtant, j’avais peur, allez savoir de quoi.

Donc comme je disais, j'entrais dans le club à vingt-trois heures/minuit, me dirigeais vers mes amies que je n'avais pas eu de mal à repérer tellement elles gueulaient --' Et finis par les saluer une par une avant de m'asseoir... Ou du moins, essayer de m'asseoir car Ginie finit par me pousser vers l'avant en fronçant les sourcils. « Bon aller, vas te chercher un verre que la fête commence ! Il ne manquera plus que les pop-corn ! » J'aurais pu parier des milliers qu'elles étaient là depuis un bon petit moment et qu'elles avaient déjà un coup dans le nez. Rigolant pour rien, elle me fixait toutes alors que je levais les yeux au ciel tout en m'exécutant. Je ne l'avais pas encore vu ce soir. Du moins, pas avant de me rendre au comptoir où il était assis. Mon coeur se mit comme toujours à battre plus fort que la normale et pourtant, je devais me montrer on ne peut plus naturelle. Un fin sourire se dessina sur mon visage alors que je détournais le regard vers le barman. Je pris une grande inspiration tout en demandant calmement : « Une bouteille de tequila s’il vous plait. Mh… Mettez-moi en deux finalement. » J'avais entre temps tourner la tête vers mes amies et choisis d'augmenter la dose d'alcool. Je suis sûre qu'elles avaient chacune prévue le coup pour ne pas rentrer seule ce soir. Elles marchaient comme ça, je les connaissais par coeur ! Je jetais un rapide coup d'oeil en direction de l'inconnu pendant que ma commande se préparait mais, ne pris pas le risque d'ouvrir la bouche. Je fixais ensuite le comptoir, gênée, pressée que les bouteilles arrêtent et que je puisse tourner les talons.

J’avais des oreilles partout, dans tous les recoins du club mais j’en avais une encore plus grande qui était tournée vers la jeune blondinette qui venait de faire son entrée et qui à présent, se trouvait au milieu d’un groupe de filles. Alléchant tout ça, c’était bien le premier mot, la première idée qui me traversa l’esprit en les observant un peu plus attentivement. Et j’entendais une fille lui lancer qu’elle devait alors se chercher un verre et brièvement, je tournais la tête vers le barman qui a cet instant était à mes côtés. « Et Ricky, donne moi cinq minutes avec elle dés qu’elle arrivera ici. » « Pas de soucis. », me répondit-il alors que je me tournais complètement sur mon tabouret, tournant ainsi le dos à cette ravissante blondinette dont je pouvais sentir la présence se rapprocher de plus en plus de l’endroit où je me trouvais. Je baissais un instant la tête sur mes genoux, passant une main nerveuse dans mes cheveux. Wow, pourquoi elle me faisait tant d’effet ? Des filles j’en avais croisé des milliers depuis que je travaillais ici et allez savoir combien étaient passés dans mon lit alors ce n’est pas une qui allait me faire peur. La laissant passer sa commande, je n’oubliais pas de lancer un clin d’œil discret au serveur qui tourna les talons. « Vous croyez vraiment que c’est raisonnable ? Deux bouteilles pour vous ? C’est pas un coin sur par ici, il pourrait vous arrivez n’importe quoi si vous sortez d’ici en n’arrivant à peine à marcher. », adressais-je alors à cette blondinette tout en tournant la tête vers cette dernière. Je sentais mon cœur cogner plus fortement dans ma poitrine mais je ne laissais rien paraître. Personne ne m’avait jamais fais un tel effet, ça n’allait pas commencer maintenant.

C'est donc le coeur battant et le regard perdu que j'attendais ma commande avec impatience. Jamais encore je n'avais été aussi proche du jeune homme et je dois dire que cela me procurait un effet... A la fois agréable et bizarre. Ma gorge se nouait, les battements de mon coeur s'empressaient de se rapprocher les uns des autres, mes doigts vinrent à s'exciter sur le rebord du comptoir. Je ne savais plus où donner de la tête jusqu'à ce qu'il s'adresse à moi. A cet instant même, le temps s'arrêta et mon corps tout entier se tourna vers lui sans que je ne lui ordonne le moindre geste. Un sourire vint éclater mon visage, celui-ci, je l'attendais depuis bien longtemps, aller savoir pourquoi. J'approchais un tabouret, vins à m'installer à côté de moi et pris à mon tour la parole. « Mais nous ne sommes en sécurité nulle part à Las Vegas et avec un peu de chance, un charmant jeune homme sur un cheval noir viendra me sauver avant qu’il ne m’arrive quoi que ce soit… » Je ne sais pas comment je faisais pour parler avec autant d'aisance alors qu'intérieurement, je ne contrôlais plus rien. Et puis, parler de la sorte, c'était de la folie. Je n'avais pas le droit de jouer, pas ici, pas avec les hommes, c'était seulement et simplement avec les cartes tout ça. Je finis par baisser la tête, échappant un léger rire nerveux mais à la fois suite à la connerie que je venais de sortir. Personne viendrait me sauver, c'était chacun pour sa peau à Las Vegas. A moins que Garrett traine dans le coin, ce qui était quasiment impossible. Je pointais mes amies de la tête avant de reposer mon regard sur le bel inconnu : « L'une est pour mes amies. » Bah ouais, je n'allais tout de même pas passer pour une alcoolique aux yeux du meilleur danseur du club... Du moins, c'était mon avis.

Rire de la situation ou plutôt rester de marbre, telle était la question. En fait, je ne savais pas comment réagir aux côtés de la blondinette et là était bien le problème. Mais cela ne dura pas, tout naturellement car en la voyant qui tapotait ses doigts sur le bord du comptoir, un fin sourire vint à illuminer mon visage, me poussant finalement à lui adresser quelques mots, rompant le silence présent entre nous que seul la musique venait à briser depuis qu’elle était venue vers le bar. Je fus d’autant plus surpris au moment où la jeune femme tira un tabouret à mes côtés pour y prendre place et poursuivre la discussion que j’avais lancé un instant plus tôt. Un rire manqua de s’échapper de mes lèvres suite à ses dires. En fait, je n’avais jamais rien entendu d’aussi débile depuis cet après-midi et encore, mes potes étaient des cas exceptionnels, je les connaissais depuis de longs mois déjà et je les connaissais, eux et leurs conneries sans fin. Du coup, j’esquissais simplement un large sourire lorsque je vis la blondinette tourner la tête tout en lâchant un rire des plus nerveux. En voilà une qui n’assumait pas ses conneries, bien dommage. « L'une est pour mes amies. », lâcha-t-elle après avoir fait un signe de tête en direction de la petite bande de filles assise plus loin. « Et si vous vous partagiez toutes une seule et unique bouteille ? Elles semblent déjà avoir un sacré coup dans le nez et si… tu tiens toujours la route à la fin de la soirée, on pourra se partager cette deuxième bouteille. » Ça aurait été plus simple de dire que j’allais la faire boire à la fin de la soirée pour profiter d’elle mais la tournure employée était un peu plus qu’adéquate, au risque de se faire rembarrer en prenant la seconde option.

Je n'avais pas prévu de me retrouver dans cette situation et, c'est bien pour cela que j'improvisais. L'improvisation, c'était comme un don chez moi. Oui après tout, j'étais une manipulatrice, je savais ce que je faisais et ce n'est pas un inconnu qui allait me faire perdre pied. Encore moins en présence de mes amies. Je contrôlais la situation, je savais quoi répondre avant même qu'il n'est terminé sa phrase, je savais ce que je voulais et j'aurais ce que je voulais quoi qu'il arrive. De nouveau un sourire se dessina sur mon visage. Je tenais l'alcool oui mais, autant, plus d'une bouteille à moi seule, j'étais quasiment sûre de terminer dans le même état que le petit groupe qui se trouvait un peu plus loin. Je prenais tout de même le risque de lui répondre : « Oh, c’est un défi ? Très bien, j’accepte. » Qu'est-ce que je risquais ? Absolument rien. Au point où j'en étais, plus rien ne me faisait peur et puis, c'était pas n'importe qui, c'était ce danseur, celui pour qui je venais de plus en pus dans cet endroit qu'habituellement je détestais. Je pouvais le faire, surtout que j'en avais envie. « Et voilà mademoiselle ! » Lança le barman, enfin revenu alors que j'étais perdue dans mes pensées. Je détachais mon regard de celui du jeune homme pour le poser sur ce dernier pour le remercier mais avant, je m'empressais d'ouvrir une bouteille et de boire une gorgée. « Merci beaucoup. Alors, on se retrouve après le show ? » Demandais-je par la suite à l'homme dont je ne connaissais toujours rien hormis sa profession. C'était plus une affirmation qu'une question, à moins qu'il est fini de travailler pour ce soir et dans ce cas, cela changeait tout.

Un sourire se dessina sur mon visage lorsque la blondinette accepta ma proposition, voyant cela comme un défi. Non ce n’en était pas vraiment un en y réfléchissant bien, mais c’était presque cela, je voyais les choses comme un jeu, ce jeu que je jouais nuit après nuit afin d’attirer une fille chez moi la nuit. Cela avait toujours marché, alors pourquoi cela ne devrait pas être le cas avec cette jeune femme ? Peut-être parce qu’elle avait ce je ne sais quoi qui me contrariait temps ? Je n’en savais strictement rien et je ne voulais pas me dire vaincu avant la fin de la soirée car tout pouvait encore arriver. J’haussais donc strictement la tête vers le barman qui s’empressa de rapporter deux bouteilles à la jeune femme et je laissais cette dernière s’emparer de l’une d’entre elle pour l’observer en boire une gorgée. Jusqu’à cet instant, j’avais oublié mon verra quasi plein qui se trouvait dans ma main la plus éloignée de la blondinette et je jetais donc un coup d’œil à ce dernier, m’apprêtant à le porter à ma bouche alors que j’entendais la question de la demoiselle. Je souriais à sa question et finis par avaler d’une traite le contenu de mon verre, me redressant alors de mon tabouret en me tournant vers la belle. « Si tu es toujours là d’ici là. Enfin, ça m’étonnerait aussi que tu veuilles manquer le meilleur moment du show. », lançais-je avec un sourire en coin. « Elles sont pour moi les bouteilles. », lâchais-je à la suite au serveur tout en m’emparant de la bouteille non entamée. Un dernier regard à la blondinette pour la dévisager de haut en bas, je souriais finalement avant de m’enfouir comme un voleur en direction des coulisses afin de me préparer. Il ne me restait que peu de temps avant de devoir monter sur scène et pour la première fois, je me sentais drôle à l’idée de devoir faire cela.

Depuis que j'avais mis les pieds non loin du bar, je n'avais envie de faire un pas en arrière. J'avais envie de rester ici, quelque chose me retenait ou plutôt quelqu'un. Je ne sais pas vraiment ce qui m'attirait chez cet homme mais, il avait quelque chose de différent des autres et j'avais besoin de le connaître, j'en avais envie. Aucune explication sur le fait qu'il me parle, surement le destin ou quelque chose du genre. Je n'allais pas me plaindre, je profitais seulement et acceptais son invitation bizarre. Je ne risquais rien, j'avais pas peur de lui ou de ce que je pouvais faire une fois la bouteille de téquila terminée. Je me levais une fois ma bouteille en main, pris une gorgée en lui disant qu'on se voyait après le show. C'était plus une affirmation qu'une question et j'écoutais sa réponse en tout m'éloignant. Je me retournais vers lui, me mordant la lèvre inférieure tout en souriant avant de lui répondre : « Je partirais pas ! » Oh ça non, je n'allais pas raté l'entrée du jeune homme sur scène d'ailleurs, j'en ratais jamais une miette mais ça, j'allais bien entendu le garder pour moi. Je lui laissais un dernier regard avant de rejoindre mes amies qui s'impatientaient. « T’as été longue pour une bouteille… » Me demanda l'une de mes meilleures amies accompagné d'un clin d'oeil. Est-ce qu'elles avaient pu voir la scène d'ici ? Non, ce n'était pas possible, déjà qu'elles devaient toutes voir double à cette heure de la soirée. « Le barman a fait des conneries me regarde pas comme ça Ginie ! » Me défendais-je en remplissant leur verre un par un. Enfin, je pris place sur l'une des banquettes et bus tranquillement le reste de la bouteille, les yeux rivés sur la scène encore vide.

J’aurais voulu ne jamais quitter ce bar, ne jamais devoir me rendre en coulisses afin de me préparer à monter sur scène et j’aurais pu le faire, mais le gérant de la boîte comptait vraiment sur moi et j’étais sans aucun doute le type qui lui ramenait le plus d’argent ici. Bien souvent, je lui faisais de la pub en fréquentant quelques boîtes de nuit, balançant des tracts aux filles les plus canons que je pouvais croiser, essayant d’attirer ces dernières dans le club afin de nous faire gagner un peu plus d’argents. Ce soir, j’avais l’impression d’avoir franchi une étape et je me sentais pousser des ailes, de quoi assurer sur scène car oui, maintenant je n’avais pas le droit à l’erreur. Je savais que je n’en ferrais pas, jamais encore je n’avais fais un faux pas et jamais cela n’arriverait, cela ne devait pas de toute manière. Je souriais un peu plus en entendant la jeune femme me dire qu’elle ne partirait pas. Je l’espérais du fond du cœur parce que je me rendais à peine compte que je ne savais toujours pas comment elle s’appelait. Lorsqu’elle eut rejoins ses amies, j’accordais un dernier regard express à la blondinette, localisant sa table vis-à-vis de la scène. Moi j’allais faire une connerie plus tard ? Mais non ! Je m’empressais donc pour me rendre en coulisse afin de rapidement me changer alors que les autres gars riaient aux éclats. C’est à peine si je les entendais, à peine si j’avais entendu le gérant du club m’appeler sous les applaudissement du public et me voilà sur scène. J’eus une fraction de secondes au cours de laquelle je me demandais ce que je faisais ici, mais le fait de lever les yeux et de voir le visage de la jeune femme avec qui j’avais discuté un instant plus tôt me fit rappeler que je n’avais le droit à l’erreur alors je commençais à danser comme je le faisais toujours, adaptant le moindre de mes mouvements au fait que je portais un costume de pompier des plus pénibles. D’ici quelques minutes, je savais ce que j’allais faire, je savais qui j’allais essayé de rendre folle ce soir.

S'il y a bien une chose dont j'étais certaine, c'était me faire harceler de questions si je fixais la scène pendant des heures et des heures comme habituellement lorsqu'on me trainait dans ce genre d'endroit ou plutôt, seulement ici. J'essayais donc d'esquiver quelques regards par ici et par là tout en suivant la conversation de mes amies. Elles parlaient de shopping puis, d'animaux et d'un certain Steven que je ne connaissais pas mais en réalité, je n'étais pas vraiment avec elles à cet instant précis. La foule commençait à s'agiter et le spectacle allait commencer. Il avait raison, je ne pouvais pas manquer le meilleur moment du show de ce soir. Tout en apportant une nouvelle fois la bouteille à mes lèvres, mes yeux ne se décrochaient de la scène. Lorsqu'il fit son entrée, je suivais tout le monde et sifflais en reposant la bouteille quasiment vide sur la table. Wahou, j'espère qu'il y aura le feu chez moi ce soir... Lança d'une de mes amies ce qui me fit bien rire en vue du regard sauvage qu'elle affichait. Si elle se voyait à cet instant la pauvre, je suis sûre qu'elle se cacherait en dessous de la table et n'en sortirait plus jamais. Se fut en suite le tour d'une prénommée Justine. Elle termina son verre, se resservit sans le lâcher des yeux et ouvrit alors la bouche pour faire son commentaire. Tu m'étonnes, il est trop sexy ! Qu'est-ce que t'en penses Brook ? Une nouvelle fois perdue dans mes pensées, il fallut qu'on me répète deux fois la question avant que je digne y répondre. J'haussais les épaules d'un air innocent et me contentais d'une réponse brève qui voulait en dire long pour les personnes qui me connaissaient assez bien. Il est pas mal, on va dire qu'il sait bouger ! En réalité, c'était bien plus que ça mais passons, j'eus à peine le temps de reprendre la bouteille et de la terminer d'une trêve qu'une nouvelle fois quelqu'un interrompit ce moment parfait en ouvrant sa grande bouche. En tous cas, la petite Laura n'est pas de ton avis ! Elle est littéralement en train de baver sur ce mec et je suis prête à parier qu'à la fin du show, elle va lui sauter dessus pour avoir son numéro ! C'est vrai qu'elle avait l'air dans un autre monde, c'est pas possible comment certaine personnes perdent totalement le contrôlent de leurs hormones une fois dans un lieu comme celui-ci. En tous cas, si son copain voyait ça, j'étais prête à parier qu'elle se retrouverait seule pour la fin de ses jours la pauvre fille.

Pourquoi j’avais cette lourde impression d’être mal à l’aise à cet instant ? Jamais encore je n’avais ressenti une telle chose sur scène, hormis peut-être lorsque j’avais commencé à me lancer dans le métier il y a quatre ans de cela. La première semaine avait été la plus longue de toute ma vie et j’avais l’impression de passer pour un blaireau après des femmes mais en fait, après avoir compté le nombre de billets que je m’étais fais à la fin, je m’étais dis que finalement, les clientes devaient m’aimer bien plus que ce que je ne pouvais imaginer. Alors tout avait commencé, le vrai plaisir de danser sur scène, d’allumer tous les soirs des dizaines de femmes pour finalement rentrer avec l’une d’entre elle une fois le show terminé et la boîte fermée. Je n’avais pas le droit de concentrer toute mon attention sur la table des filles, où tout du moins sur cette blondinette alors tant bien que mal, je promenais mon regard sur chacune des femmes présentes autour de la scène. Enfin, au fur et à mesure, je faisais sauter chacun de mes vêtements tout en sautant dans tous les sens sur la scène, chacun de mes mouvements étant acclamés par les filles en délire. Je finis rapidement au sol, vêtu uniquement de mon pantalon, je m’avançais jusqu’à la table que j’avais prise pour cible juste avant de me rendre en coulisse, passant entre les tables, frôlant quelques femmes, prenant leurs mains les laissant toucher mon torse pour une poignée de secondes et je finis par arriver à destination, grimpant sur la table devant des filles qui étaient à deux doigts de mouiller le sol et leurs culottes, si ce n’était pas déjà fais depuis le temps. Je me tournais vers la blondinette en question celle à qui j’avais offert une bouteille et j’arrachais mon pantalon en un rien de temps, le laissant tomber sur sa copine assise à ses côtés qui se mit à hurler à tout bout de champ et je descendis de la table, n’hésitant pas à venir prendre place sur cette inconnue qui était loin de m’être indifférent. Me collant contre elle, je commençais à boucher mon bassin sur cette dernière, faisant glisser mes mains dans ses cheveux, ne lui adressant encore aucun regard pour le moment.

Finalement, je me mis à regarder le show tranquillement comme toujours, sans même prêter attention à ce que mes amies racontaient à côté. Je les connaissais par coeur et je savais exactement leur sujet de conversation. C'était le même à chaque fois qu'on mettait les pieds au cheetah's house lors de ces soirées réserver aux filles. Oh oui, je savais qu'elles attendaient toutes le jour où il viendrait leur demander numéro de téléphone, le jour où il leur accorderait ne serait-ce que cinq minutes à l'une d'elles. Ce jour là, je pouvais être sûre et certaine qu'elles finissent dans un état second, peut-être même qu'elles tomberaient dans les pommes qui sait. Elles étaient comme ça mes amies, complètement folles et incontrôlables, c'était sans doute la seule qui avait encore toute sa tête, celle-ci bien fixée sur les épaules. Enfin du moins, c'est ce que je crus jusqu'à ce qu'il fasse son apparition à notre table. Ok ok, peut-être que je m'étais complètement trompée sur son compte, peut-être qu'il savait plus que bouger je devais l'admettre. Je ne savais plus où donner de la tête. Un coup mon regard était envouté par cet inconnu, la seconde d'après, il était concentré sur Ginie qui prêtait un plomb, c'est le moins que l'on puisse dire. Finalement il se reposa sur le jeune homme alors que j'avais l'impression que mon coeur allait me lâcher, qu'il allait sortir de ma cage thoracique tellement ses battements se montraient rapides. Ok, je retire ce que j'ai dit, ce mec est un dieu ! Bah quoi ? Il fallait bien regarder la vérité en face ! J'avais raison.

Je ne savais pas comment j’avais fais pour atterrir à cette table, comment j’avais eu le courage d’y venir et de terminer de m’y déshabiller, restant seulement vêtu de.. mon string. Ouais pas très élégant dis comme ça et c’était loin d’être la classe mais que voulez-vous ? Interdiction de porter de confortables caleçons, soit disant, cela pourrait gâcher tout le spectacle et la clientèle pourrait se foutre de notre poire… si déjà elle ne le faisait pas lorsque nous étions en string au beau milieu de la scène. Je ne tardais donc pas à descendre de la table afin de ne pas trop laisser mon arrière train à la vue des demoiselles présentes dans mon dos. Alors je fis un truc totalement fou, un truc dont je ne m’étais pas senti capable avant la petite discussion que j’avais eu avec cette ravissante inconnue qui au final, ne semblait pas trop l’être. Ce n’était pas la première ni la deuxième fois que je la voyais ici mais voilà déjà quelques semaines qu’elle venait en compagnie de ses amies. Pourquoi n’étais-je alors jamais encore allé vers elles ? Je n’en savais strictement rien. En une fraction de secondes, j’avais pris place sur elle, bougeant mon corps contre le sien et je souriais en entendant ses paroles, n’ajoutant rien à cela. Je ne pouvais pas, j’avais le souffle court, le cœur s’affolant, j’étais à deux doigts de me jeter sur elle tel un animal affamé et je devais me contrôler pour ne pas que cela arrive. Mon regard croisant le sien, je m’emparais de ses mains les faisant courir le long de mon dos pendant un court instant jusqu’à les ramener à mon torse. Je savais qu’à présent elle pourrait sentir mon cœur battre si fortement mais l’intensité de ma prestation couvrirait sans aucun doute le fait que j’étais à cet instant même complètement charmé par la demoiselle présente en face de moi. Je tenais toujours ses mains contre mon torse, les faisant glisser toujours plus bas le long de mes abdos. Ira tout en bas ou ira pas, normalement pas mais on verra.

Je jouais la femme indifférente et ce depuis que je venais ici avec mes amies. En réalité, j’étais bien loin d’y être. Il avait ce quelque chose qui m’attirait temps, ce quelque chose que je n’arrivais à trouver. J’avais tout de même confiance en moi, j’assumais ce que je pensais et n’hésitais pas à le dire haut et fort. C’est ce que je venais de prouver sous le regard à la fois surpris et rieur de mon groupe d’amies. Elles ne s’attendaient sans doute pas à ce que je change aussi facilement d’avis, ce n’était pas mon genre. Je craquais jamais, encore moins face à ce genre de spectacle or, quand mes mains vinrent à se plaquer contre son torse, que je pus sentir battre son cœur aussi vite que le mien, tout se mélangea dans ma tête. Mes mains descendirent petit à petit alors que mon regard ne voulait lâcher le sien. Je sentais son corps parfaitement sculpté mais, je ne voyais rien d’autre que ses yeux. Il fallait que j’agisse avant qu’il ne soit trop tard, avant de perdre totalement le contrôle de moi-même. Je me levais d’un bond, mon visage à quelques millimètres du sien et ces quelques secondes parurent des heures. Je glissais mes mains dans son dos avant de m’emparer de la bouteille quasiment vide posée sur la petite table sur laquelle il était perché peu de temps avant. Mes lèvres vinrent à s’approcher de son oreille et c’est sûre de mon coup que je murmurais à cette dernière : « Boom, boom… Garde un peu de suspens pour plus tard… » Boom, boom ? Ce sont les battements de son cœur que je pouvais sentir tout contre moi. J’étais prête à parier qu’il pouvait remarquer la même chose à cet instant. Le sourire aux lèvres, je me détachais de lui tout en faisant glisser mes doigts le long de son torse en même temps que je me rasseyais. Jouer avec le feu ? Non, ce n’est vraiment pas mon genre…

Le gérant du club allait sans aucun doute m’incendier une fois que je retournerais en coulisse mais je n’y pensais à peine, voir pas du tout. La seule chose à laquelle j’arrivais à penser c’était à cette blondinette que j’étais en train d’allumer depuis un petit moment maintenant et autant dire que je ne m’en lassais absolument pas. A vrai dire, j’aurais pu faire ça pour le restant de la soirée… quoi que non, je serais sans aucun doute passé à la vitesse supérieur au bout de dix minutes seulement et encore, dix minutes, cela paraissait comme une éternité. Je fus déstabilisé au moment où la jeune femme vint à se redresser, me repoussant donc au passage en arrière, son visage se trouvant si proche du mien au point que je pouvais toujours et encore sentir son souffle chaud se mélanger au mien. Mon regard s’attarda rapidement sur ses lèvres avant de remonter jusqu’à ses yeux que je fixais pendant ce qui me sembler être une éternité. Jamais je n’aurais voulu détacher mon regard du sien mais c’est elle qui dévia son visage en direction de mon oreille un instant plus tard, me procurant un léger frisson au moment où elle vint à me glisser quelques mots. Mon sang ne fit qu’un tour dans ma tête en entendant ses paroles. Et ses boom, boom, que signifiaient-ils ? Parlait-elle de mon cœur qui s’affolait ? Car après tout, je n’étais pas le seul à me trouver dans un état secondaire. « Dans dix minutes, au bar. », glissais-je à mon tour à son oreille avant qu’elle ne vienne à faire courir ses doigts sur mon torse tout en reprenant place. J’esquissais un sourire, tournant les talons pour retourner sur scène et terminer de bouger dans le dernier vêtement qui me restait pendant encore quelques courtes secondes où je finis par retourner en coulisse après avoir ramassé le tas de billets qui trainait sur le sol.

Ok, ok, j’allais peut-être un peu trop loin à cet instant précis mais, je contrôlais plus rien ou en tous cas, seulement ce qu’il fallait pour ne pas l’emmener loin d’ici et finir la soirée ailleurs. Quand je me remémorais le début de la soirée, moi qui pensais n’obtenir que le simple droit de regarder tel les jours précédents, je m’étais totalement trompée. J’avais tendance à anticiper le moindre geste, la moindre pensée de n’importe qui si je le souhaitais mais, je dois dire que tout ça, je ne l’avais pas prévu, loin de là. Oh non, je n’allais pas m’en plaindre, c’est plutôt cette chère Ginie qui était complètement accro qui allait rager. Bref, j’en profitais pour prendre la parole mais, avec toute cette musique et ces femmes en chaleur, je n’eus d’autre choix que de me lever et prendre le dessus sur la situation. Il murmura à son tour à mon oreille et, j’attendis d’être confortablement installer sur le canapé pour pouvoir lui répondre d’un hochement de tête positif. Je pris une gorgée de ce qu’il restait au fond de la bouteille puis, le regardais s’éloigner, remonter sur scène d’un bond seulement. Je ne perdis pas de temps et me levais à mon tour tout en agitant ma main telle en éventail en direction de mon visage. Je me tournais vers mes amies en les informant : « Bon les filles, je vous laisse trente secondes voire plus, j’ai vraiment besoin de prendre l’air là ! » Elles me fixèrent quelques secondes en souriant l’air de dire c’est bon on a compris et tout en me mordillant la lèvre timidement et pourtant si sûre de moi, j’ajoutais d’un ton sec : « Quoi ? Me regardez pas comme ça, je suis jeune j’ai le droit d’en profiter… » Je levais les bras au ciel en soupirant et rejoignis le bar sans plus tarder. Mon portable se mit alors à vibrer. Un message de Garrett qui était surement encore inquiet que je me retrouve au commissariat ou autre. T’es où ??? Grr, je n’avais envie que d’une chose, exploser mon portable au sol et sauter dessus jusqu’à ce qu’il s’éteigne entièrement. C’est pas le moment, je gère arrêtes de t’inquiéter pour moi Je rangeais mon portable dans la poche et fixais le barman en souriant quelques secondes plus tard.

Lorsque cette inconnue présente devant moi hocha la tête, acceptant ainsi ma proposition qui en fin de compte était plus un ordre qu’autre chose, je suis tout de suite que c’était dans la poche. Je savais exactement comment j’allais terminer la soirée et surtout avec qui. Tout se bousculait alors dans ma tête et je finis par arborer un sourire des plus triomphant avant de retourner sur scène pour boucler le show en quelques secondes à peine, laissant place au gérant qui glissa quelques mots au public présent avant d’introduire le prochaine danseur. Je venais donc à me réfugier en coulisse, n’arrivant toujours pas à me débarrasser de ce sourire triomphant scotché à mes lèvres et je repris mes esprits en plaquant mes deux mains contre un mur, prenant appuie sur ce dernier, essayant tant bien que mal de me remettre les idées en place. « Si celle-là tu te la fais pas ce soir, c’est que t’es vraiment un gros bouffon ! » « C’est un coup en or mon pote et j’ai déjà gagné, crois-moi. », lâchais-je en tapant dans la main de mon collègue avant de filer me changer en quatrième vitesse. J’attrapais une bouteille entamée de vodka et en bu quelques gorgées avant de quitter les coulisses par la petite porte sans oublier bien sur la fameuse bouteille de tequila que j’avais mise de côté en venant ici. De là où j’étais, je pouvais apercevoir le bar et pendant un court lapsus de temps, j’observais cette jeune femme qui m’attendait déjà. Je restais bêtement à la fixer les bras croisés pendant un moment avant de m’avancer en sa direction et de prendre rapidement place à ses côtés. « T’étais tellement pressée de me revoir pour venir avant l’heure ? Désolé mais j’ai pas gardé la même tenue d’avant, ça attire trop la foule. », lâchais-je avec l’un de mes meilleurs sourires, posant au passage la bouteille sur le comptoir.

Je ne savais pas pourquoi je souriais bêtement au barman mais, je lui souriais et puis, il avait un joli sourire alors autant je fais partager aux clients ! J’attendais assise au bar, quelque peu en avance et pour cause, j’avais besoin de reprendre mes esprits et de fuir un peu mes amies qui avaient surement compris que je n’étais pas prête de revenir. Depuis le temps que j’attendais le moment où j’aurais le courage de lui adresser ne serait-ce qu’un mot. Finalement, il avait fait le premier pas et, ce n’est pas ce qui me dérangeait, loin de là. J’étais de suite plus sûre de moi et, je savais parfaitement ce que je souhaitais et ce que je faisais. Les jambes croisés sur l’un des tabourets au comptoir, j’attendais en faisant la discute à d’un des employés. C’est alors qu’il fit son apparition. Mon sourire s’agrandit, mon regard se tourna vers lui et le son de ma voix prit place. « Disons plutôt que j’étais en manque… De téquila ! » Finis-je par murmurer en m’emparant de la bouteille qu’il tenait à la main. Je pris le temps de l’ouvrir, bus une gorgée et entamais la conversation avec aisance comme toujours. « T’aurais dû la garder. Mon chat aurait été coincé dans un arbre, je t’aurais appelé ! » Ma remarque faisait référence à la fin de sa phrase, à sa tenue. Mes yeux vinrent alors à parcourir son corps de la tête aux pieds et… Non rien, même comme ça il était parfait ! Je pris une nouvelle gorgée de téquila et, une fois le liquide ayant parcouru ma gorge, je lui tendis la bouteille en sa direction. « Tiens, promis j’ai pas la gale. »

J’aurais pu attendre des heures en la contemplant de la sorte mais je ne pouvais pas me le permettre parce que cela aurait fait tâche de venir en retard à un rendez-vous soit même fixé et puis, je n’aimais pas planter les gens, sauf en cas d’extrême urgence or là, la seule urgence qu’il y avait c’était que je me devais de lui reparler et d’être plus proche d’elle. Alors la voir discuter avec l’un des employés et croiser ses jambes comme elle le faisait… non pas un mot de plus, plus une seule pensée, j’avançais tout simplement pour prendre place à ses côtés en lui glissant rapidement quelques mots. Je souriais devant sa répartie. Cette petite ne se laissait pas marcher sur les pieds et c’est ça que j’aimais au fond, raison de plus pour ne pas lâcher l’affaire avec cette dernière. Un rire moqueur s’échappa de mes lèvres lorsque je l’entendis me dire qu’elle m’aurais appelé si son chat était coincé dans un arbre et pendant qu’elle me dévisageait de la tête au pied, je vins à lui lancer quelques mots. « Bah si jamais il se retrouve coincé un jour où l’autre, j’peux toujours la remettre et l’aider. » Naturellement, faudrait pas croire que je ferais que ça, j’allais pas enfiler un costume juste pour une petite affaire de rien du tout, pour rester poli. La voyant me tendre la bouteille, j’allais m’en emparer, mais ses paroles me stoppèrent net. Fallait pas lancer les hostilités hein (a) « Bah t’as peut-être la rage qui sait ! »

Mon plus gros défaut ? Ma grande langue. Non mais sérieusement, je ne m'arrêtais jamais de parler et c'est bien pour cela que la plupart des gens évitaient de me croiser quand il n'avait pas un moment à eux. Cela avait commencé par mes amies puis, par cet employé qui se prénommait David d'après ce que j'avais compris et maintenant, cet inconnu qui ne l'était pas tant que ça. Je commençais à parler de sa tenue, j'aimais l'ancienne mais la nouvelle lui donnait un tout autre genre qui ne me déplaisait pas non plus. Je connaissais à parler de chat parce que c'est la première chose qui me vint à l'esprit et en entendant sa réponse, je ne pus faire autrement que de lui sourire. ça serait super gentil... Si j'avais un chat ! Ouais les animaux, j'adorais ça mais avec mon demi-frère qui était allergique, ce n'était pas vraiment le bonheur. Bref, je bus une nouvelle gorgée avant de lui tendre la bouteille et bizarrement, il ne s'en empara pas de suite en prétendant que j'avais peut-être la rage. En y réfléchissant bien, c'était peut-être le cas après tout. Il ne savait rien de moi, pas même mon nom ou encore mon âge. Tu me fais pas confiance ? Demandais-je en clignant des paupières. J'avais vu cela dans bambi, à chaque fois ça marchait et je m'étais toujours demander comment ça fonctionnait dans la vraie vie. Je finis par me stopper nette et approcher la bouteille de téquila à mes lèvres. Non mais c'est vrai, ne prends pas ce risque. Je vais la terminer toute seule !

Ah ben comme ça elle avait pas de chat la blondinette, bah d’où elle me parlait de sauver son chat si elle n’en avait pas ? Bizarre tout de même parce que s’il n’y a pas de chat à sauver, il n’y a pas de pompier à appeler et donc… pas de bol pour moi, pas de coup à tirer ni même de strip-tease improvisé. Quel dommage, moi qui me faisait déjà un film dans ma tête… « Bah achète-en un, qu’est-c’qui t’en empêche ? » Non mais j’étais con ou quoi ? D’où je lui posais une telle question, c’était du grand n’importe quoi, vraiment. On ne se connaissait même pas, ou alors que très peu et j’étais en train de dire de la merde, mais qu’est-c’qui ne tournait pas rond chez moi ce soir ? Était-ce le lieu dans lequel nous étions ? Le fait de savoir qu’une fille rencontrée sur mon lieu de travail était en train de me retourner le cerveau petit à petit ? Il fallait que je trouve un moyen de sortir d’ici avec elle, un moyen et le bon moment, bien évidemment. Je l’entendais me demander si je lui faisais confiance ou non et je fronçais les sourcils en voyant qu’elle battait les paupières, c’était quoi ça ? Le genre de meuf psychopathe qui vient tout juste de planquer de la drogue dans la bouteille pour vous tuer ? C’était étrange et ça faisait peur, mais je ne le montrais pas, sinon trop la honte ! Poussant un soupir après avoir entendu ses propos suivants, je lui arracher presque la bouteille des mains pour la porter à mon tour à mes lèvres et en boire deux longues gorgées. « Santé ! » Je lui adressais un sourire. « Au fait, moi c’est Alexander. Alex pour les intimes. », lâchais-je en lui tendant la bouteille.

L'inconnu semblait quelques peu déçu de ma réponse. A croire qu'il aurait bien aimé le sauver ce chat imaginaire. En tous cas, cela me fit rire et c'était plutôt une bonne chose ! J'haussais alors les épaules en avouant d'un ton naturel, comme-ci j'avais l'habitude d'entretenir des conversation comme celles-ci... Et ce n'était pas le cas ! Oh tout un tas de raison mais, je trouverais une autre excuse t'en fais pas ! Finalement, je serais peut-être la seule à boire ce soir. Je détestais boire seule mais bon, quand on avait pas le choix... Ou presque. Je dis bien ou presque car je m'apprêtais à boire une nouvelle gorgée quand il m'arracha la bouteille des mains. Finalement, j'avais bien fait de suivre les conseils de bambi toc... Ou pas mais on s'en fiche. L'important c'est qu'il but avec moi. Santé ! Après avoir fini, il m'avoua son identité. Comme les superhéros !! Joli prénom, ça lui correspondait plutôt bien. Je bus à mon tour une gorgée sans le quitter des yeux comme s'il pouvait prendre la fuir dès mon regard tourné. Je m'appelle... Brooklynn mais tout le monde m'appelle Brook Si j'avais hésité sur mon prénom, c'était bien parce que je donnais toute sorte d'identité à n'importe qu et ce pour me protéger. J'étais connue du commissariat sous plusieurs noms différents mais, jamais le vrai. Je ne faisais pas confiance aux inconnus mais, il me semblait différent. Avais-je bien fait de prendre le risque ? Seul l'avenir pourra me l'apprendre.

Un sourire s’afficha sur mes lèvres en entendant la jeune femme me dire qu’elle trouverait sans doute une autre excuse juste pour que je vienne chez elle vêtu de mon costume de pompier. J’étais à deux doigts de lâcher un nouveau rire nerveux mais je m’abstins alors que je détournais le regard pendant quelques courtes secondes. Soif. J’avais terriblement soif à cet instant et je ne sus expliquer pourquoi j’avais jouer la comédie alors qu’en temps normal, je ne refusais jamais un verre ou bien carrément une bouteille, là c’était encore plus intéressant, bien que je repartais souvent avec une bouteille et une fille afin de boire encore un coup avec cette dernière une fois que je l’aurais amené chez moi, mais ça pchut, c’était juste pour la détente une fois qu’elle aurait posé les pieds sur mon canapé. Lui repassant la bouteille après lui avoir décliné rapidement mon identité, j’eus l’impression qu’une décharge vint à traverser mon corps tout entier lorsqu’elle m’avoua son prénom. Je ne sus dire pourquoi, mais quelque chose ne me paraissait pas clair dans tout cela. Jamais encore quelqu’un n’avait hésité à me dire son prénom et ce même avec une sacrée bonne dose de d’alcool dans le sang. Je n’en fis rien, je ne dis absolument rien à ce sujet car j’avais peur de la faire fuir ou d’autre chose, allez savoir. Je souriais, tout simplement. « Alors Brook’, qu’est-c’que tu fais de beau dans la vie hormis venir m’admirer presque tous les soirs ? », lâchais-je sur un ton des plus naturels tout en venant à m’emparer de la bouteille qu’elle tenait, la portant à ma bouche pour boire rapidement.

J'espérais qu'il n'est pas remarqué mon hésitation. Qui hésite avant de sortir son prénom ? Seulement moi ! Qu'est-ce que je pouvais me montrer conne ! Après tout, il ne travaillait pas pour la mafia ou pour les flics ou je ne sais quoi encore, je n'avais rien à craindre. Il fallait vraiment que je me détente... Qu'un seul moyen, l'alcool ! Heureusement que ça existait ! Je détestais cette question. Qu'est-ce que tu fais de ta vie ? Parce que je ne faisais pas ce que je rêvais de faire, parce que j'aimerais changer d vie ou tout simplement parce que je détestais parler de moi. Et pourtant, il fallait que je fasse un effort, comme d'habitude et, c'est ce que je fis naturellement. C'est déjà un travail à plein temps mais... Je suis barmaid ! Et je triche également au poker au moins deux fois par semaine parce que je sais compter les cartes mais ça, c'est mon petit secret et tu ne le seras jamais ! Rooh qu'est-ce que je pouvais être diabolique de temps en temps ! Se fut à mon tour de lui retirer la bouteille des mains pour boire ensuite. J'en bus deux gorgées d'affiler avant de poser une question. Chacun son tour après tout ! Et toi ? Qu'est-ce que tu fais de tes journées quand tu ne travailles pas ici ?