Cher journal.

► Ma vie est plutôt cool. Oui, après tout, j’habite à Miami, je suis née dans une famille bourgeoise et le moins qu’on puisse dire, c’est que je ne manque de rien. Au lycée, je suis l’une des plus populaires. Pourquoi ? Parce que je suis belle bien sûr. Vous croyez peut-être qu’un moche a déjà été populaire ? Non, jamais, du moins, pas de mon vivant. Mais vous savez ce qui rend les gens aimés ? C’est quand ils sont prétentieux et manipulateurs. Bizarrement, ils aiment ce genre de personnes. Bon certes, avec mes amis proches, je ne suis pas une garce, contrairement à ce que pourrait penser certain d’entre vous. Enfin, quoique des fois, j’aime bien me jouer d’eux. Mais bref, là n’est pas le problème. Où est le problème d’ailleurs ? On pourrait croire qu’une fille comme moi, riche, intelligente, n’a aucun soucis dans sa vie et bien si. Une manucure loupée ? Un brushing mal fait ? Non, ce n’était pas ce genre de bémol que j’avais. Mes parents n’étaient jamais là pour moi, à vrai dire. Ils travaillaient, ça c’est sûr, ils ne faisaient que ça. D’un côté, c’est grâce à ça que je pouvais m’acheter tout ce dont j’avais envie mais bon. J’aurais peut-être préféré avoir moins d’argent, et profiter plus de mes parents ? Je ne sais pas si c’est possible. Apparemment non. De plus, je suis fille unique. Alors je suis vraiment seule. Je pars au lycée, personne n’est là et quand je rentre le soir, soit mon père est dans son bureau et ne prend même pas le temps de me dire bonjour et ma mère est au téléphone, sans cesse en train de régler des affaires importantes, comme elle me le dit à chaque fois que je souhaite lui parler.

« Maman, je peux te demander un truc ? » Me risquais-je à lui demander, me doutant de sa réponse. « Attends Persia, tu vois bien que je suis occupée. » Bingo, c’était sa phrase fétiche. « Mais oui maman, je vois bien que t’es occupée, et c’est bien ça le problème. Est-ce que tu ne voudrais pas m’accorder ne serait-ce que deux minutes ? Pour parler, entre mère et fille, comme le ferait une famille normale ?! » Cette fois ci, c’était la goutte d’eau qui faisait déborder le vase, comme on le disait si bien. « Attendez, je vous rappelle dans quelques minutes. » Dit-elle à l’attention de son interlocuteur. Et à peine eût-elle raccroché que je me permis de reprendre la parole. « Tu vois, le problème c’est que tu vas me dire de me calmer, que je ne suis pas à ta disposition et que tu as beaucoup de travail. Et après, tu vas me dire d’aller me calmer, tu vas me donner 100 euros pour aller m’acheter quelque chose. Mais ce que je veux, c’est être avec toi, pas m’acheter des choses toute seule maman. » Elle resta bouche-bée face à mes paroles. Je le connaissais par cœur et elle ne s’en était jamais vraiment rendu compte. « Désolée Persia, j’ai du travail. » C’est la seule chose qu’elle sut me répondre. C’était la première fois qu’elle se montrait aussi désintéressée envers moi. Et mon père lui, c’était pire. Il ne prenait même pas la peine de me répondre. Et sous mes airs de petite peste, je souffrais. Oh oui, j’avais mal de voir que ma mère me portait aussi peu de considération. En soupirant, je pris alors mon sac et sortis de la maison. Où allais-je aller ? M’amuser, oublier, boire, me droguer. Souvent, je me rendais en boîte de nuit. Je me saoulais et une fois que j’étais bien amochée, je trouvais un homme pour mettre dans mon lit le soir. Au moins, j’oubliais les problèmes que je pouvais avoir quand je passais ce genre de soirées. Mais le pire de tout dans cette histoire, c’est que j’étais en couple et que tous les soirs, je ne cessais de tromper mon copain. Je m’en voulais, car j’aimais bien Garrett mais je n’arrivais pas à me poser. Je ne me voyais pas rester avec un seul homme. Je le pouvais à vrai dire, mais je ne le voulais pas, ce n’était pas mon genre d’appartenir à un seul homme. Cependant, pour le garder, j’inventais toutes sortes d’excuses. Mes études, mes sorties en famille –ce qui était totalement faux puisque mes parents ne se souciaient pas de moi, enfin bref, des tonnes d’excuses pour ne pas avoir à affronter son regard. J’avais peur que Garrett ne découvre tout ça et qu’il me plaque. Je ne voulais pas que ça se passe ainsi. Si c’était quelqu'un qui devait casser, c’était moi, et pas lui. N’oublions pas que c’était moi la fille populaire qui avait tous les hommes à ses pieds. Alors se faire plaquer, ça la foutait mal disons. J'avais une réputation à tenir. Et puis, au moins quand j’étais avec Garrett, je pouvais faire chier un peu sa sœur, Brooklyn. Je la détestais. Pourquoi ? Parce qu’elle me détestait, tout simplement. Sinon, elle n’était pas méchante, bien qu’un peu garce sur les bords, elle avait l’air sympathique. Mais elle était loin d’être bête et elle avait remarqué mon petit jeu, elle avait bien vu que je trompais son frère. Encore heureux qu’elle ne le dise pas. Enfin, est-ce qu’elle le savait vraiment ? J’en n’avais aucune idée, mais si ce n’était pas ça, pourquoi elle serait aussi méchante envers moi ? Parce qu’à part sortir avec son frère, je n’avais rien fait de mal.

Mais un jour, alors que je me rendais à leur domicile, pour passer juste un peu de temps avec mon petit ami, j’appris qu’ils avaient déménagés. Comment avait-il pu disparaître comme ça ? Au fur et à mesure des jours qui passaient, je me rendis compte que j’aimais vraiment cet homme. Je n’avais jamais ressentis ça auparavant, c’était un sentiment très nouveau, c’était sûrement l’amour. Le vrai. Bon, je ne disais pas que Garrett était l’homme de ma vie mais dans tous les cas, je commençais à vraiment regretter tout ce que j’avais pu lui faire. J’aurais dû passer plus de temps avec lui car maintenant que j’étais seule, j’avais encore plus mal. Garrett était l’homme qui comblait le trou béant dans ma poitrine et dès qu’il fût partir avec son abrutie de sœur, ce trou se rouvrit. Bizarrement, elle me manquait cette garce. Maintenant, je n’avais plus personne à embêter et à insulter. En fait, cette famille me manque. Peut-être qu’ils étaient ma deuxième famille après tout, celle que je n’ai jamais eu ? De toute manière, je vois même pas pourquoi j’écris tout ça, ce n’est pas quelques mots qui feront revenir Garrett, non.

Peu de temps après les quelques mots qu'elle venait de marquer sur son journal intime, Persia décida de déménager à Las Vegas, non loin d'où avait emménager Garrett et Brooklyn. Elle avait envie de changer d'air, de voir autre chose et surtout d'être loin de ses parents. Voir combien ils l'ignoraient ne faisait que de la faire souffrir alors à quoi bon rester ? Elle n'avait plus rien qui la retenait à Miami. Et puis, voyons le bon côté des choses, à Las Vegas, elle pourrait faire la fête autant qu'elle le voudrait.