Charlie Leilà-Barnëy Niels, tu t’appelleras ! Le début de mes ennuis commençait sur ses paroles. Nous voici à Amsterdam, dans la chambre de maternité, quelques minutes après ma naissance. Celui qui vient de parler, c’est mon père. Ce jour-là, il n’était pas dans son état normal en fait. Non pas à cause du stress quand sa femme accouche, mais plutôt à cause de la surprise de dernière minute. En réalité, les Niels attendaient un garçon, enfin c’est ce que leur médecin leur a confirmé pendant neuf mois. C’était un big fail, shame on him .. Franchement, mes parents auraient pu changer les prénoms mais ils s’étaient déjà fait à l’idée que je m’appellerais Charlie. Bon, à la dernière minute, un Leilà est sorti de la bouche de mon padre, par contre le Barnëy, il aurait pu s’abstenir, parce que ça fait très .. mec. :rosette :

Contrairement à d’autres, ma jeunesse fut calme et paisible. J’avais toute l’attention de mes parents et eux, vivaient leur vie sentimentale et professionnelle normalement. Mon père tenait un restaurant et ma mère l’aidait de temps à autre. Aucun soucis n’aurait du nous atteindre, seulement, des complications arrivèrent quand j’ai eu l’âge de quatorze ans. Mon père a fait faillite, et on s’est retrouvé fauché du jour au lendemain. On gardait tout de même le sourire, étant positifs même dans les moments difficiles, mais mon père n’y arrivait pas. Trouver du travail lui était de plus en plus difficile, et au fur et à mesure que le temps passait, il finit par commencer un trafic illégal de drogue. Ma mère a tenté du mieux qu’elle pouvait pour le convaincre d’arrêter mais c’était impossible. Une fois dedans, il y a peu de chances de s’en débarrasser. J’essayais de vivre ma vie d’adolescente normalement, mais avec tous ces soucis, j’avais du mal et la fille positive que j’étais disparaissait à petit feu. J’étais devenue solitaire, mystérieuse, je ne m’attachais à rien et espérait surtout que mon père arrête ce délire. Il nous rapportait des sous, c’est vrai, mais de l’argent sale, illégale, qui lui vaudrait des années de prison.

Pendant plus de cinq ans, il continuait son business comme si rien n’était pendant que ma mère et moi faisions les aveugles. On ne pouvait pas l’abandonner ni le dénoncer, alors on restait là, à regarder les choses se faire et être les plus discrètes possibles. J’avais presque vingt ans à cette époque-là. J’avais fini le lycée et comptait continuer mes études dans la photographie. Mais évidemment, un autre problème me tomba dessus : un garçon. Pas n’importe lequel en réalité. Un simple touriste américain qui se baladait en ville alors que je faisais le tour de la ville à vélo histoire de décompresser. Au départ, je l’avais juste aidé à trouver son chemin, mais Cupidon était obligé de mettre son grain de sel entre nous. Quelques jours après, on se croisait et se recroisait jusqu’à en devenir une habitude. De fil en aiguille, on s’est rapprochés et vous savez comment ça s’est fini. En à peine, un mois, il avait réussi à m’attraper dans ses filets. Cette histoire dura juste le temps de ses vacances. Mais, celui-ci m’avait raconté des histoires, comme quoi il nous voyait ensemble toute notre vie, et moi, super naïve, je me suis laissé embobiner par ses mots. La seule chose que je n’étais pas au courant, c’est qu’il était là seulement pour recevoir la marchandise que mon père ne voulait pas lui donner. Un soir, alors que je rentrais chez moi, je les aperçus discuter devant chez moi. Je ne pensais pas que c’était à cause de ça, car quand je me rapprochais, mon père affichait un sourire et était plus qu’heureux que ce jeune homme soit mon petit ami. Derrière ce sourire se cachait un sentiment de peur, parce que mon soi-disant petit copain le menaça en lui disant que s’il ne donnait pas cette drogue, il me ferait du mal. Mais n’ayant pas ce qu’il voulait, il posa un ultimatum : le temps qu’il obtienne ce qu’il désire tant, il m’emmène aux Etats-Unis. Mon père n’avait pas le choix que d’accepter. Il me l’annonça comme si j’allais partir en vacances et passait du temps avec celui que j’aimais.

Arrivée à Las Vegas, j’étais toute retournée face à ce monde, à ce décor. C’était tout l’opposé des Pays-Bas, et vu que je n’avais jamais voyagé de ma vie, ça me faisait tout drôle. A côté, mon fake boyfriend jouait sa comédie à merveille, me faisant rêver jour et nuit. Mais, son jeu ne dura qu’un mois. Par hasard, je tombais sur une conversation avec un de ses pseudos-amis et je compris son cinéma. Celui-ci comptait me laisser tomber maintenant qu’il avait ce qu’il voulait et surtout dénoncer mon père. Tout à coup, je me sentis brisée, stupide et effrayée. J’étais obligée d’aller m’énerver contre lui, seulement, c’est lui qui avait les cartes en main. Il avait déjà dénoncé mon père à la police, et moi étant à Vegas, je ne pouvais rien faire. J’étais coincée ici. J’avais pris mes cliques et mes claques, et j’étais partie m’installer dans un motel, le temps de rentrer. Le dealer ne se souciait pas de moi car il savait qu’avec aucun sou en poche, je ne pourrais pas aller bien loin. C’est à partir de là que mes rêves étaient devenus des cauchemars éveillés, dans une ville où le vice était roi.