Dear Diary,
C'est stupide de commencer un journal non ? Enfin personnellement j'ai toujours trouver ça vraiment con, débile, inutile, bref, on peut ajoutez tous les mauvais adjectifs. J'ai 23 ans. En fait, j'aurais commencé à écrire plus tôt, je ne trouverais pas ça idiot. Mais là, je suis grande et si j'ai envie de raconter ma vie, je peux le faire ailleurs; ça m'éviterait de me fatiguer le poignet. Donc, si je gaspille mon temps à écrire, c'est parce qu'il y a deux jours, j'ai trouvé ce carnet dans la papeterie du coin. Je l'ai trouvé vraiment canon et vu que je ne savais pas quoi écrire dedans, ben j'ai simplement décidé d'en faire mon journal intime. Je suis intelligente n'est-ce pas ? En plus, plus j'y pense, plus je trouve que c'est une bonne idée. J'ai vécu pas mal de chose pour quelqu'un de mon âge.
Pour commencer, je m'appelle Dylan. Enfin, mon vrai nom c'est Dylan-Maëlle Davenport-Espéranza. La plupart du temps, on m'appelle juste Dylan Davenport, voir Dylan-Maëlle Davenport. Breeef, c'est mon nom. J'ai donc vingt-trois ans et je vais avoir vingt-quatre dans quelques mois. Maman est mexicaine, papa est
en haut français. Moi, je suis un mix bizarre des deux. J'habite à Las Vegas depuis trois ans mais avant, j'habitais à Paris. J'ai tout plaqué, parce que j'ai vécu trop de mauvais moments là-bas. Bref, j'ai un frère jumeau, Ashley, et une petite soeur de trois ans ma cadette, Alexis. Je m'entends assez bien avec eux, d'ailleurs je m'entends bien avec tout le monde. Je suis assez populaire, enfin les gens m'aiment et je les aime, je n'ai pas vraiment d'ennemis, en gros je suis normale. En apparence.
Voyez-vous, Davenport c'est plus qu'un nom. C'est carrément une religion. Soit t'es Davenport soit tu l'es pas. Ma famille est du genre très conservatrice et le nom est sacré. Autant vous dire que j'ai l'impression d'être encore au moyen-âge. Les premières traces de la famille Davenport dans l'Histoire (avec un grand H) datent du 17ème siècle. LA cette époque, mes ancêtres étaient de riches commerçants qui avaient beaucoup de bateaux, qu'ils utilisaient pour ramener des épices et tout ça en France. En gros, c'était déjà une importante famille. Jusqu'au milieu du 19ème siècle, nous étions toujours des commerçants avec des bateaux et tout le bazar. Cependant, il y eut la révolution industrielle et la France perdit de son lustre à cause de l'Angleterre, qui était largement meilleure question modernité. Du coup, les bateaux de commerces, tout ça... Ce fut vite mit à la poubelle. Ma famille ne sut pas se recycler et on est tombés dans l'oubli. Ah lala, que la vite était dure pour mes ancêtres. Mais mon grand-père paternel, le fameux -ou pas- Pierre-Alexandre Davenport, a sut quant à lui redonner à la famille notre lustre d'antan. Nous étions restés assez riche et, en investissant son argent habilement, il réussit à racheter des entreprises, des actions, enfin en gros tout un tas de trucs compliqués, et pouf ! Nous sommes redevenus une riche famille très douée en vente. Les bateaux, c'était passée, désormais, nous étions plutôt dans l'immobilier.
Puis, mon père à repris l'entreprise et tout roulait comme sur des roulettes. Bon, il y avait eu ce mariage avec ma mère que Papy n'approuvait pas, vu que c'était une immigrée mexicaine, mais sinon, tout était ok. Moi et Ashley sommes nés, puis ce fut le tour d'Alexis, en bref, tout se passait pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Et puis, tout a basculé... Mon grand-père, le fameux Pierre-Alexandre Davenport, est mort. C'est normal me direz-vous, il était assez vieux (enfin 73 ans c'est pas vraiment âgé mais bon). Sauf que lui n'est pas mort d'une façon normale. Il a été tué. J'avais dix ans, et quand vous apprenez ça à cet âge-là, ben... C'est compliqué quoi. Papy s'est fait violemment frappé par des mecs dans la rue. Sa mort est idiot : il avait une grosse voiture, le genre d'auto qui coûte la peau des fesses. Un groupe de racailles est arrivé, ils l'ont tabassé, et mon grand-père est mort le lendemain. J'étais triste pendant des mois et des mois; je l'adorais, c'était un homme grandiose. Je me rappelle avoir longtemps dormi avec mon frère, car nous avions peur que ces hommes viennent la nuit. J'ai longtemps eu cette phobie jusqu'à mes douze ans environ. D'ailleurs, j'ai encore des frayeurs nocturnes la nuit, genre je me mets à hurler à la mort en plein sommeil. Et oui, c'est super agréable pour ceux qui dorment avec moi.
Je m'étais à peu près remise de la mort de mon grand-mère quand un deuxième malheur à frapper ma famille. Je me suis dite : Non, pas encore, c'est pas possible. Et bien si. Une deuxième mort. Mon père, cette fois. Un stupide cancer. Il a eut les premiers symptômes en Juillet 2007 et son cancer de la peau fut diagnostiqué trois mois plus tard. Ce que je peux dire, c'est qu'il s'est battu jusqu'au bout. Le cancer de la peau est un des cancer les plus mortels. Il a continué de faire marcher l'entreprise alors qu'il n'avait plus de cheveux depuis des mois. C'était bête, mais je continuai à garder espoir, même quand il était transporté d'urgence à l'hôpital -ce qui arrivait de plus en plus fréquemment vers "la fin". Et quand ce fameux 10 Février de l'année 2009, ma mère m'a appelée en larmes pour me dire qu'il était sur le point de mourir, qu'il fallait que je vienne immédiatement... En chemin, alors que je pleurais toutes les larmes de mon corps, je me rappelle avoir continuer d'espérer. Je croyais aveuglement que, peut-être, il pourrait avoir un miracle... "Ne meurs pas, Papa, reste avec moi, je t'en prie, reste, reste, reste", je me rappelle avoir chuchoté tandis que je marchais à toute vitesse direction l'hôpital. J'y suis arrivée, et j'y ait trouvé ma mère, mon frère et ma soeur à ses côtés. Il était mort. J'étais arrivée trop tard. Bien sûr, il n'y avait eu aucun miracle. J'avais 19 ans. J'ai vraiment mal supporter. D'abord mon grand-père qui était mort d'une façon atroce; maintenant mon père. Non c'était trop.
Alors j'ai décidé de tout plaquer. Paris, ma famille, mes amis, mes études, TOUT. J'ai pris un peu d'argent sur mon compte en banque, déjà bien rempli malgré mes dix-neuf ans, et je suis partie. A Las Vegas. Je m'étais dit qu'ici, c'était un bon endroit pour oublier mes soucis. Et effectivement, je me suis vite remise. Plus vite que je ne l'aurais imaginer. C'était vraiment une bonne chose.
Pendant un an, j'ai fait n'importe quoi : la baise, la drogue, l'alcool. J'avais pas vraiment de métier ni d'appartement. Je vivais "d'amour et d'eau fraîche"; en gros, je squattais chez les gens, dans les casinos, je me prostituais même. Je me suis finalement rendu compte qu'essayer d'oublier mes problèmes en me mettant dans d'autres problèmes n'était peut-être pas la meilleure solution; alors j'ai arrêté.
Maintenant... Je me fais de l'argent en tant que danseuse. Dans un casino. Autant dire que ça s'apparente vaguement à du strip-tease. Et je ne suis pas contre la prostitution; disons juste que quelques fois, ça me permet de boucler mes fins de mois.
De toute façon, ce qu'il se passe à Vegas, reste à Vegas, non ?