❝ WE'RE GONNA BANG ❞

Comme à son habitude, Sulky fit son grand débarquement en boîte de nuit une fois que la soirée battait son plein, un peu après minuit. Non pas qu'elle cherchait à tout prix la meilleure ambiance, mais en fait y avait un trop bon film à la télé & d'ailleurs elle aurait pu voir toute la trilogie si ses potes avaient pas ramené leur fraise jusqu'à sa suite pour la tirer du canapé. Heureusement, elle put attraper son iPhone & commença à composer les premiers chiffres du numéro de Allô Kiki maltraitée – cherchez pas, ça existe, j'vous le jure sur la tête de mon chien qui s'est étouffé avec ses Frolics – mais malheureusement, on lui reprit bien vite son téléphone en la forçant à s'habiller. Vous avez vu comment on la violentait la pauvre ? Elle qui voulait rester en jam toute la soirée, elle était réduite à porter une robe noire raz-la-chnek & des talons qui lui feraient mal toute la soirée C'dur d'être aussi bonne. Sinon ça va, les chevilles se portent bien, elles vont prendre l'air ce soir d'ailleurs Sitôt qu'elle arriva en boîte avec son groupe d'amis, elle attrapa un pan de la robe de sa pote pour éviter qu'elle s'éloigne de trop. « Hey, tu me lâches pas hein ... » Mais entre temps, Sulky regardait ailleurs, sauf que quand ils se reposèrent sur ce qu'elle pensait être sa pote, Sulky eut bien des surprises en découvrant qu'elle tenait entre ses mains un pan de la chemise d'un gros balourd qui se faisait recaler à l'entrée. Fock, rappelez-la d'avoir toujours du désinfectant dans son sac. Du coup, elle s'avança seule à l'intérieur & partit directement au bar, espérant trouver au moins un de ses potes … & bah … Non. RAS cap'taine ! Du coup, Kiki appela le barman & commanda ; « Bonsoir, euh je voudrais une double tequila glacée parce que je crois que je vais avoir besoin d'un sacré remontant ce soir, déjà que je suis devenue SDF de mes amis, ils m'ont cruellement abandonnée, & en plus j'ai mal au pied, j'aurai pas dû prendre des imitations quoi, quitte à en payer la peau de mon joli p'tit cul Enfin j'suppose que … Vous en avez rien à faire. » En effet, après avoir rempli son verre, le barman était parti direct, donc ça faisait trente secondes que Sulky parlait dans le vide. & elle n'était pas bourrée. Ça promet

S u l k y & S l o a n e

Le truc avec le jet lag, c'est qu'on ne sait pas quand on va se le prendre en pleine figure. J'avais une bonne dizaine d'heures d'avion dans les pattes et pourtant je pétais la forme. Je subissais apparemment pas encore le fameux décalage horaire et c'était un peu chiant à vrai dire. Alors que l'horloge affichait 1:00am, mon organisme était resté bloqué à l'heure de Londres soit 9:00am. J'étais supposé me lever et prendre mon petit café à cette heure là. Autant surfer sur la vague et ne pas perdre la nuit qui s'offrait à moi. A peine sorti de l'avion, je débarquais dans l'hôtel qui allait me servir de logement pendant quelques semaines. J'avais jamais été habitué à un luxe tel que le Bellagio offrait. Sincèrement, j'avais un peu fais le fou en réservant dans cet endroit, mais j'avais envie de partir à Las Vegas du bon pied. Tout cet argent que j'avais désormais, il était à moi et j'aurais tort de ne pas en profiter, surtout lorsqu'il s'agissait de confort. Une fois installé, je décidais donc de m'octroyer une petite sortie en ville, bien que je ne connaisse absolument personne et que j'allais forcément me perdre dans cette immense ville qu'était Sin City. Pas bien grave, j'avais deux bonnes semaines avant d'attaquer le boulot, je pouvais bien en profiter avant d'avoir à trimer en regrettant de ne pas en avoir assez profité.
Habillé d'un costume, j'en portais assez régulièrement depuis un moment, je me dirigeais vers le premier taxi que je trouvais et lui demanda de me poser dans un endroit sympa. Pas forcément le bon plan de demander ce genre de chose à un type qui reste les fesses collées à un fauteuil et qui ne doit probablement pas rentrer par les clubs, mais bon, j'avais pas trop le choix. Finalement, il m'arrêta au pure nightclub. Le nom avait intérêt à coller avec l'endroit!
A peine un pied posé dehors que deux jumelles brunes, grandes, élancées me sautèrent dessus "Hey handsome, t'as pas de cavalières? On est là pour toi si tu veux... On rentre avec toi et on fait la fête tous ensemble" Je souriais poliment alors que je croisais le regard du videur qui me fit un signe négatif de la tête en mode "Si je te vois avec elles, tu rentres pas". Elles devaient être connues du coin car le dit videur appela ses collègues dans son micro et ils les firent dégager illico. J'avais rien compris à l'action mais elles devaient pas être nettes ces nanas. En bon canadien, il parait que je me méfiais pas assez des gens. Bref, cette anecdote me permit au moins de rentrer illico presto dans la boite, la videur avait du penser que j'avais une tête de mecs naif mais blindé, donc qui allait dépenser à l'intérieur. On verra bien...
L'ambiance avait l'air sympa à l'intérieur, la musique pas trop forte, et un décor assez intriguant. Première direction, le bar, histoire de se choper un old fashioned, mon cocktail préféré. Une fois assis, mon regard fit un rapide tour dans la salle faiblement éclairée. Je ne cherchais pas forcément des jolies filles à mater, j'essayais juste de me mettre dans l'ambiance de la boite. Milena m'attendait à Londres, j'étais pas venu ici pour merder. Même avec le son de la musique, mon attention se focaliser sur une voix qui se trouvait à ma droite. Une petite rousse déblatérait des paroles dans le vide, pensant surement s'adresser au barman qui était déjà reparti. J'eus un petit rire, je ne comprenais pas cette envie qu'avait les femmes de raconter leur vie à la moindre occasion et surtout à des inconnus. Prenant une gorgée de mon verre, je m'étouffais à moitié lorsque je reconnus finalement l'intonation de Sulky. C'est pas que ça faisait 2 ans que je ne l'avais pas vue mais quand même. Quand elle avait dit "p'tit cul" ça m'avait fait tilt. J'eus une quinte de toux horrible qui se calma au bout de quelques secondes. Ca pouvait pas être elle. Elle se retourna brusquement vers moi, surement attirée par le bruit de ma mini attaque. Ah bah si, c'était bien elle en fait. Enfin, ça m'empêcha pas de lâcher un petit "Sulky?" histoire d'être sûre à 100%.

Ouais, Sulky était atteinte de ce qu'on appelle le besoin compulsif de raconter sa life, une adepte du 3615 RTL, des Twits à la minute & du hors-forfait qui fait peuuuuur Non, ça ne faisait pas d'elle une relou, seulement une meuf qui a une vie super passionnante, nuancez mes cocos. N'empêche que cet éternel manque d'attention qui la poussait à déblatérer des conneries attira l'oeil de Sloane. Vous vous rendez compte que sans ça, ils ne se seraient sans doute jamais remarqué ? N'empêche que quand son voisin d'à côté s'étouffa, Sulky tourna la tête si brusquement que s'il avait vraiment eu une cacahuète au fond de la gorge qui l'empêchait de respirer, il aurait agonisé quelques heures le temps qu'elle remette son cou en place Mais bon, visiblement ça avait pas mal endommagé sa cervelle de rousse ; la voilà qui était proie aux hallucinations. Elle avait devant elle un ancien pote. Enfin ami, meilleur ami en fait, amant aussi, enfin … Bref, c'était bizarre. Vous posez trop de questions « Sloane ... » prononça-t-elle avec une voix à peine audible. On aurait presque dit que ses lèvres remuaient dans le vide. Elle ne savait même pas si elle devait être contente de le voir tant les adieux avaient été étranges juste avant son départ de Bristol, tout comme leur relation qui avait atteint un niveau de cheloutisme absolu. Bonjour le beau bordel dans sa petite tête de rousse Finalement, elle opta pour le déni, refusant de croire que Sloane était là, face à elle, Sloane, SON Sloane. Mine de rien, elle avait toujours été possessive envers les gars de la bande de Bristol. Elle donna donna une petite tape sur l'épaule du gars qui venait de l'aborder avant de lâcher, railleuse ; « Mais non t'es pas lui, j'te connais pas, j'pense qu'on a coupé mon verre d'eau de toute à l'heure à la vodka ! Des petites hommes bleus ont dû faire ça, t'sais comme dans le film là … Mais siiii, avec la chanson ! » Sur ce, elle entonna les premières notes de la chanson des Schtroumpfs avant de se shut uper un peu car là, elle devenait grave ! Sulky était une pro de la drague, n'est-il pas ? … Ouais, j'l'entends venir le fameux ou pas, si bien qu'elle se rattrapa – ou tenta de se rattraper – en caressant l'épaule de Sloane & en disant, juste histoire de changer de sujet encore une fois ; « Chouette costard. Hugo Boss ?  »

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Plus aucune place au doute. Il n'y avait qu'elle pour sortir ce genre de conneries. Alors attention, je dis pas conneries comme étant un ramassis de conneries complètement idiot, mais plutôt comme une suite de paroles qu'il était difficile à suivre et dont la signification était recherchée. Bref du Sulky quoi. J'avais toujours pas capté ce que cette histoire de Schtroumph venait faire là, mais apparemment, elle avait autant de mal que moi à réaliser la présence de l'autre. Je la regardais avec un petit sourire en coin. C'était un sacré numéro cette nana. Elle ne s'arrêtait jamais de parler, et de partir dans des délires propres à elle même. Je repris une gorgée en tentant de ne pas m'étouffer cette fois çi, la laissant monologuer jusqu'à ce qu'elle se rende compte elle même que c'était bien moi, et qu'elle hallucinait pas. Je ne pus m'empêcher de remarquer qu'elle n'avait pas tellement changé. Le souvenir que j'avais d'elle était celui d'une grande bouche qui ne cessait de s'agiter. Ses cheveux était aussi longs et flamboyants que dans mes souvenirs, ses yeux toujours pétillants et son sourire à tomber. Elle faisait évidemment plus femme qu'il y'a deux ans, et en était que plus attirante. J'étais content de la voir en chair et en os, devant mes yeux. Avant qu'elle ne parte, on avait quand même passé toute notre enfance ensemble, pas moins de 10 ans les gars soit quasi la moitié de ma vie.

Elle finit éventuellement par se rendre compte que Sloane c'était bien moi et qu'aucun Shtroumph ne l'avait droguée. Je m'attendais à ce qu'elle me dise quelque chose comme "hey, content de te voir" mais elle détourna la conversation une fois de plus. Mon costume semblait étrangement avoir attiré son attention. J'étais persuadé qu'il y avait une petite moquerie dans sa voix. J'avoue qu'avant, l'idée de porter un costume m'était risible. Je trainais tout le temps en jean, chemise, pull, basket. Casual quoi. Mais j'avais pris l'habitude de m'habiller ainsi. Je faisais des études qui s'accordaient avec ce type d'accoutrement et finalement, ça me déplaisait pas. Le costume était aux hommes ce que les talons étaient aux femmes. Ca fait tout de suite la différence entre deux individus. Et autant dire que j'aurais jamais pu rentrer dans cet endroit si j'avais mis mes vieilles pompes. Bref, j'avais envie de lui répondre "Anderson & Sheppard" mais ça sonnait déjà trop prétentieux dans ma tête alors je me contentais d'un "T'étais à Las Vegas depuis tout ce temps?"

On ne peut pas dire que Sulky était nerveuse à l'idée de retrouver un des gars de la bande, 'fin un des survivoooooors quoi ! Bon OK, on rigole pas avec ces choses-là. Ni nerveuse parce que c'était Sloane & pas l'un des deux autres kékés avec qui elle avait le moins d'affinité déjà à l'époque. Mais dites-vous que depuis son départ, c'était la première fois qu'elle renouait avec son passé, & encore plus avec ce chapitre de sa vie qui la reliait à Max. Au fond, elle se sentait & se sentirait certainement toujours coupable, coupable d'avoir causé la mort d'un mec & l'implosion d'un groupe d'amis. Bonjour, je m'appelle Sulky & je suis une arme de destruction massive, Ben Laden à côté c'était un bisounours Seriously, Sulky ne cessait de mater détailler Sloane qui était comme … Métamorphosé comme ça. Genre le mec, elle ne l'aurait certainement pas reconnu s'ils s'étaient croisés dans la rue. Quoique … Si. C'est Sloane quand même, c'pas le serveur du Starbucks du coin. Sauf que lui, elle le reconnaissait bien aussi, il avait un nez rigolo, le pauvre d'ailleurs M'enfin, ce n'était pas le sujet voyons. Ayant l'impression qu'il s'agissait d'un reproche (jesuisparano.com), Sulky lui répondit sur la défensive en arquant un sourcil ; « Nan j'ai un peu voyagé, j'suis installée depuis quelques mois seulement … Puis cette ville est cool au moins. » Certainement plus que l'était Bristol au moment où elle l'a quitté. Intriguée par la présence de son ex-amant-meilleur ami ici, elle s'assit sur le tabouret à côté & but une brève gorgée de son verre, le reposant brusquement dans un geste presque théâtral. « & toi ? T'es là depuis quand ? T'habites où ? Puis tu fais quoi de ta vie pour … Pour avoir un accoutrement pareil ? » finit-elle par grimacer. T'façon soit il se sapait comme ça pour mieux pécho, soit … Bah … Soit il réussissait certainement sa vie mieux que Sulky