∞ story of a gambler.
'89 - Vancouver, CanVictoria était à ce festival de musique. Elle commençait sérieusement à s'échauffer. Ils étaient supposés tous rester ensemble et voilà qu'elle se retrouvait seule. Elle errait entre les tentes, tentant à la fois de retrouver la sienne ou de tomber sur ceux qu'elle avait perdus. Paye ta soirée... Elle avait fait le voyage depuis Calgary avec son copain et sa meilleure amie. Ils formaient un trio très équilibré tous les 3. A 17 ans, Kayleigh était lesbienne et sortait avec pleins de filles différentes tandis que Victoria était avec Simon depuis plus d'un an déjà. Une entente parfaite, aucun nuage à l'horizon. Elle ne comprenait pas comment elle avait pu les perdre. Un moment elle était sur les épaules de Simon, l'autre, elle se retrouvait à zigzaguer entre les cadavres de bouteilles qui jonchaient le sol. Cela faisait déjà bien une heure qu'elle les cherchait, et qu'elle loupait la plupart du concert. Elle entendait au loin les premières notes d'une chanson de son groupe préféré, celui pour lequel elle avait fait tout ce voyage. Bien qu'agacée, elle relativisait, il y avait plus grave dans la vie. Elle espérait qu'il ne soit rien arrivé à Kayleigh ou à Simon... Enfin, elle trouva sa tente. Le van orange qui était garé à côté avait été utile dans le repérage. Bizarrement, la dite tente n'était pas zippée jusqu'en haut. Elle se souvenait pourtant avoir été celle qui était partie en dernier, ayant oublié ses cigarettes comme toujours. Intriguée, elle s'avança et entendit des bruits qu'elle ne pouvait décrypter. Ses sourcils se froncèrent tandis qu'elle se rapprochait et ouvrait la bâche. Ce qu'elle vit la laissa sans voix: des jambes, des bras, des parties de corps nues, deux personnes sans dessus dessous, mais surtout la tignasse rouge de Kayleigh soufflant des "
Simon" à tout bout de champ. Victoria voulut crier, mais aucun son ne semblaient vouloir sortir de sa bouche. Elle se contenta de reculer, doucement, mais trébucha sur une de ces satanées bouteilles et tomba lourdement sur le sol. Simon se retourna, semblant détecter la présence de quelqu'un proche d'eux. "
Y'a quelqu'un? T'as entendu?" "
Bébé, c'est la musique, t'occupes". Il fixa Victoria sans la reconnaître, sachant pertinemment qu'une personne se trouvait en face de lui, mais incapable de déceler son visage dans l'obscurité. Se relevant rapidement, Victoria courut pendant une dizaine de minutes sans s'arrêter, zigzaguant cette fois ci entre les jeunes, jusqu'à ce qu'elle heurte un gars qui se trouvait sur son passage, tombant alors pour la deuxième fois de la soirée. Elle se mit à pleurer à chaude larmes, ainsi par terre, autour d'une multitude de personnes, repensant à la scène qu'elle venait d'assister. Le gars en question s'abaissa à son niveau, l'air gêné
"Je suis désolé, tu t'es fait mal?" Victoria ne repondait pas, hochant la tête négativement. Il l'aida à se relever, lui proposant de lui payer une bière pour se faire pardonner bien que ce ne fut nullement de sa faute. Elle accepta. Il tenta de la faire rire et bizarrement il réussit. Il arriva même à lui faire oublier ce qui s'était passé durant les quelques heures qu'elle passa avec lui. De bières en bières, ils firent connaissance. Victoria était du genre à tenir à l'alcool et n'était pas une fille influençable alors quand il lui proposa d'aller faire un tour dans sa loge (*le mec a une loge?*), elle accepta avec la connaissance de la nature des évènements qui allaient se passer. Elle était certes saoule à cette période de la soirée, mais elle en avait envie. Une sorte de vengeance, et puis le type avait une loge! Il lui avait dit qu'il était musicien mais elle le croyait qu'à moitié. C'est un bien truc que le gars disent pour coucher, ça marche à tous les coups, la preuve... Une fois qu'ils eurent pris leur pied dans la fameuse loge, il lui fit faire le tour des coulisses et lui présenta les membres du groupe dont elle était fan. Victoria était un peu encore dans les vapes mais se rendit compte que le mec mentait peut être pas finalement. Cette soirée s'était rattrapée d'elle même finalement! Lorsqu'elle retourna dans sa tente aux alentours de 4h du matin, elle ne trouva que Simon, endormi. Elle ne pouvait pas se résoudre à se coucher à ses côtés et décida d'aller se mettre dans la banquette du van.
Le lendemain, une fois rentrés chez eux, Simon lui avoua la vérité. Ils avaient pris du LSD avec Kayleigh. Ils avaient tous les deux merdés. Kayleigh voulait "coucher avec un mec pour voir" et Simon était tellement défoncé qu'il pensait que Kay était vraiment Victoria. Cette dernière trouvait l'histoire plutôt convaincante mais c'était pas une excuse. Elle rompu avec les deux. Finalement, elle apprit qu'elle était enceinte. Il ne pouvait pas être de Simon. Elle tenta de contacter Sloane, le gars du festival. Après de nombreux efforts pour arriver jusqu'à lui, elle lui fit parvenir l'information. Le type n'était pas mauvais, dans d'autres circonstances, il aurait reconnu l'enfant. Mais là, son agent le lui déconseillait fortement. Il commençait à être célèbre, il avait une tournée qui l'attendait, c'était pas une bonne pub et surtout, la gamine était mineure. Non, c'était vraiment pas une bonne pub. Sloane écouta son agent à contre coeur mais versa dès ce jour une pension officieuse à Victoria. Celle ci ne voulait pas d'un scandale public, il y avait déjà eu assez de représailles du côté de sa famille. Elle fit passer l'enfant aux yeux de tout le monde pour celui de Simon. Celui ci n'était pas ravi mais il voyait là une occasion de revenir dans la vie de Victoria. Finalement, quand le petit eut 3 ans, et après ces années que Simon avait passées avec elle, Victoria décida de reprendre une vie de couple avec lui. Elle l'aimait et après tout c'était le père de son fils... Jamais ils ne se marièrent mais décidèrent de déménager à Bristol, en Angleterre où ils vécurent une vie des plus normales. Simon apprit éventuellement que Sloane n'était pas son fils biologique mais il l'aimait comme tel.
'10 - Bristol, U.K.
J'avais jamais vraiment détesté aller à l'hôpital. La plupart du temps où j'y atterrissais, c'était parce que j'avais fait une connerie avec les potes et que l'un d'entre nous s'était pété un bras ou ouvert une arcade. On débarquait, un peu affolés, mais on se rendait compte qu'il n'y avait de petites égratignures et on repartait en rigolant comme des débiles, les poches remplies d'appareils photos des gueules amochées des potes. C'était à celui qui avait perdu le plus de sang, où une bêtise du genre. Le milieu hospitalier nous connaissait bien. Mais cette fois ci, l'heure n'était plus à la plaisanterie. 2 du groupe étaient sévèrement touchés. Avec les gars qui n'avaient pas été impliqués dans l'accident, on se relayaient chacun dans les chambres de Max et de Sulky. Le jeu était plutôt devenu "si tu meurs, je m'en remettrais pas, alors bâts toi". Ça faisait deux bons mois que je n'avais vu ni l'un ni l'autre. A une époque, on était une bande super soudée. Chacun avait son rôle et on s'entendait tous comme des frères. Je ne dirais pas comme des frères et soeurs, car il aurait été bizarre de coucher avec sa soeur, right? On avait tous connu bibliquement Sulky, d'autres plus que moins. J'avais toujours imaginé qu'on avait tous les deux quelque chose de spécial mais après avoir appris qu'elle couchait aussi avec mes trois meilleurs potes, ça m'avait refroidis. Ca m'avait pas empêché de continuer à ressentir quelque chose pour elle, mais ça m'avait clairement démontré que j'étais pas spécial à ses yeux. Petit à petit, je m'étais détaché d'elle, physiquement je veux dire. Je l'adore, j'ai toujours eu de l'affection, voire des sentiments pour elle, mais je pouvais pas continuer à coucher avec elle en sachant qu'elle était pas totalement mienne. On aurait dit que c'était elle, le boss du groupe, le mecton qui mène les autres, qui nous tenaient soudés. Un peu comme si elle était plus mec que nous finalement. J'avais commencé mes études à Bristol mais à la fin de ma première année dans le supérieur, j'avais déménagé à Londres. La j'avais pu commencer une vie sans eux, sans elle. Ça n'avait pas été aussi difficile que ce que j'avais pu l'imaginer. Des potes et des filles à en pleuvoir. Mais ils me manquaient, alors aussi souvent que je le pouvais, je revenais sur Bristol. Mais cette fois ci j'avais attendu trop longtemps. Il y avait cette fille, Milena, je l'aimais bien en fait. L'université avait organisé un voyage au Pays de Galles et on avait fini par se rapprocher tous les deux durant cette escapade. On sortait plus ou moins ensemble, mais on était jeunes, on voulait pas trop d'attaches. J'avais donc attendu plusieurs semaines avant de revenir sur Bristol. C'est en recevant un coup de téléphone de ma mère que j'avais rappliqué. Je le regrettais maintenant.
Max perdit le jeu. On fut amputé d'un membre du groupe. J'aurais jamais imaginé qu'il puisse arriver quelque chose d'aussi dramatique à l'un d'entre nous. Ma vie avait été des plus banales depuis mon enfance, scolarité correcte, bonne vie familiale, vie sociale importante. La pire épreuve par laquelle j'étais passé. Et il y'a eu cette dispute entre nous tous. Rien se serait jamais plus comme avant. Ils l'ont accusés de ce l'accident. C'était bien elle au volant après tout non? Mais elle était clean. J'étais partagé, mais tellement vide à l'intérieur que je ne cherchais pas un coupable, je rongeais sans cesse les derniers souvenirs que j'avais de Max, tout ce qui était autour ne m'intéressais pas dans l'absolu. Elle finit par partir. Je ne la revis jamais.
'11 - London, U.K.J'habitais ce coin sympa de Angel, à Islington, Londres. La vie avait repris quelque peu le cours des choses. Max me manquait terriblement, je ne m'en remettrais probablement jamais mais il fallait bien relever la pente et continuer sa vie. On avait emménagé ensemble avec Milena. Finalement, on était plutôt okay pour avoir des attaches l'un envers l'autre. L'été approchait et on avait prévu de se faire une sorte de road trip en Australie, avec les moyens du bords. En plus d'aller à l'université, je bossais dans un bar le soir, jouant de la guitare dans un petit groupe de musique. J'avais commencé au lycée à jouer mais plus pour le fun et parce que ça attirait les filles. Finalement, j'avais bien accroché et continué une fois arrivé dans la capitale. Bref, on avait donc quelques économies. J'attendais un coup de fil de ma mère d'une minute à l'autre, elle rentrait d'un voyage aux U.S.A. Prenant le courrier qui se trouvait sur la table, je fus attiré par la lettre la plus épaisse qui se trouvait au dessus de la pile. Mon nom y était inscrit. Ca avait l'air plutôt officiel. A la lecture de celle ci, il me fallut une bonne dizaine de minutes pour en réaliser sa signification. Milena rentrait à ce moment là de son travail. "
Bébé, je suis rentrée. Restau ce soir? Flemme de faire à manger." Devant mon regard encore interloqué, elle se rapprocha, posant sa main sur mon épaule.
"Qu'est ce qu'il se passe? Tu as reçu de mauvaises nouvelles?" "
J'en sais trop rien, tiens lis." Après des minutes d'attente, elle afficha un regard semblable à celui que j'avais depuis déjà un petit moment.
"Attends, ton père biologique t'as inscrit dans son testament et maintenant tu hérites de ce qu'il avait?! Simon va bien pourtant non?! Tu as des nouvelles de ta mère?! Elle t'en avait parlé? De cette histoire de père biologique? Tu t'en doutais? Qu'est ce que tu vas faire? Pourquoi ils ont attendus aussi longtemps? Et ta mère, elle en dit quoi? Tu l'as appelée?" Elle n'arrivait plus à s'arrêter à poser toutes ces questions rhétoriques. Elle était toujours comme ça lorsqu'elle stressait un peu. Tout comme moi qui restait silencieux dans ce genre de situation. J'en savais pas plus qu'elle évidemment, et j'arrivais pas à reconstruire le puzzle de l'histoire dans ma tête. C'est à ce moment là que le téléphone décida de sonner, ma mère au bout du fil.
"Mon chéri, on vient juste d'arriver à la maison, l'avion a eu du retard mais tout s'est bien passé, tu vas bien mon bébé?""M'man, est ce que ce ... Sloane Fisher est mon père biologique? C'est qui ce type""...""Simon n'est pas mon père?"
"...Si bien sure que si, c'est lui qui t'as élevé, tu es son fils""Mais c'est pas mon père biologique?""Dans l'absolu...non. Ecoute, c'est pour ça que je voulais te parler urgemment en rentrant, je ne pensais pas que cette lettre arriverait avant moi""Ah parce que tu savais en plus que j'allais recevoir ça? Que ce... Sloane Fisher était décédé et que j'étais dans ce fichu testament?""Oui, c'est bien pour ça que je suis partie aux U.S.A. rencontrer son avocat pour comprendre l'ampleur de la situation"J'étais passé de l'incompréhension à l'énervement. Vivre toute sa vie dans un mensonge comme celui là remet son enfance et la bonne foi de sa mère en question. J'ai repensé aux moments où je me disais fier d'être d'origine écossaise comme mon père, ou qu'on avait tous les deux une allergie au poivre, ou alors lorsqu'on me disait qu'enfant, j'avais la même intonation que celle qu'il avait eue. Je coupais court à la discussion avec ma mère ayant tout sauf envie de lui parler pour le moment. A peine le téléphone raccroché que Milena me mitraillait de questions. Rien n'était de sa faute mais j'avais vraiment pas envie de parler pour le moment.
"Je sors, désolé pour le restau bébé" Je posais un baiser sur son front et prit mes clés. Une fois dans ma voiture, je conduisis pendant quelques heures avant de me retrouver à Bristol. Le premier endroit où j'atterris vu la tombe de Max. J'essayais de venir tous les deux mois. Après être resté un bon moment, j'eus pour réflexe de ma garer devant l'ancienne maison de Sulky mais je ne descendis même pas de la voiture, elle était partie depuis plus d'un an déjà. Finalement, je finis au bar avec les deux potes du groupe qui restaient. Ils avaient aucune idée de ma présence mais osef. Pas besoin de raison pour boire quand on est avec ses potes.
Le lendemain matin, je me réveillais dans le canapé d'un des gars, mettant du temps avant de me rendre compte de l'endroit où j'étais. Plusieurs messages m'attendaient sur mon répondeur téléphonique. Le premier était de ma mère qui s'excusait en pleurs et qui me suppliait de lui répondre. Le deuxième de Milena qui me disait qu'elle m'aimait, que je rentrerais quand j'en aurais envie mais qu'elle était là si j'en avais besoin. Le troisième était de mon boulot qui se demandait où j'étais. Et le dernier était de l'avocat de Mr Sloane Fincher qui souhaitait s'entretenir avec moi sur l'avenir de la compagnie. Un charabia, ce dernier message. Finalement, je décidais à lire la suite de la lettre que j'avais commencé la veille. Ce Fincher m'avait personnellement adressé une lettre qui devait donc m'être remise en cas de décès de sa part. Il savait pertinemment que j'étais son fils mais même s'il n'avait jamais tenté d'entrer en contact avec moi. ("et pour plus de détails sur les raisons, vous pouvez vous entretenir avec votre mère" parfait). Il avait été un musicien qui connu une gloire d'une demi douzaine d'années avant de créer un label musical se voulant indépendant aux U.S.A. Le type était célèbre dans le milieu blabla. Je commencais à comprendre d'où venait ma "passion" pour la musique. Il s'était marié plusieurs fois mais il ne mentionnait pas l'existence d'autres enfants. Dans tous les cas, il m'avait légué une sacré fortune et la direction de son label, S-loud. Il apparaissait que Fincher était décédé depuis déjà 2 ans, mais qu'il avait fallu attendre que j'ai la majorité pour que ses fonds me soient versés, soit 21 ans aux U.S.A. J'en revenais pas. C'était censé changer quelque chose à ma vie? J'étais supposé faire quoi maintenant, arrêter les cours, devenir un homme d'affaires, voyager en jet et me payer des meufs? J'avais aucune idée de ce que j'étais supposé faire. Alors j'ai atterris chez ma mère, qui se décida à tout me raconter.
'12 - Las Vegas, U.S.A.Ces 3 dernières avaient été plus que mouvementées. Comme si tout ce qui m'avait été épargnés depuis mon enfance avait décidé de faire surface d'un coup et me revenir en pleine face. Comme toujours, j'avais tenté de deal avec la situation. J'étais désormais dans ma dernière année d'études, année qui impliquait un stage à l'étranger. Après avoir digéré toute l'histoire du père adoptif, de la fortune qui avait débarquée sur mes comptes en banque et la direction du label, j'avais décidé de faire mon stage dans cette boite dont j'étais désormais le propriétaire. Mes parents s'occupaient de la direction depuis la mort de Fincher, et je dois dire qu'ils s'en sortaient pas trop mal. Ils avaient du déménager à Las Vegas pour l'occasion, siège de la boite. Je les rejoignais donc. J'appréhendais beaucoup. J'allais enfin voir concrètement à quoi ça ressemblait et si j'allais voir faire ça toute ma vie. J'avais quand même la chance d'avoir un boulot qui m'attendait à la sortie de mes études mais la pression était immense. Et puis j'allais devoir résider à LV durant une année. Milena ne viendrait pas avec moi. On avait décidé de rester ensemble mais de ne pas se mettre de barrières. Les relations longues distance, tout le monde sait que ça ne marche pas. Alors on s'était promis de faire notre possible pour rester fidèles mais que si un jour on craquait, on ne devait pas culpabiliser et surtout se le raconter. Et on verrait comment ça se passerait pour la suite. On partait dans cet état d'esprit là, histoire de pas être deux frustrés l'un et l'autre à l'opposé du globe.
Mon premier arrêt après l'aéroport se situa au Bellagio. Bien que mes parents habitaient en périphérie, ils étaient en déplacement et j'avais préféré me prendre une chambre d'hôtel dans le centre plutôt que d'être tout seul en banlieue. Hâte de voir ce que la vie me réserve cette année.